l’École primaire des Filles Africa Inland Church (AIC) dans Kajiado, au Kenya, a pendant les cinquante-huit dernières années servi d’un centre de secours pour des centaines des filles qui ont été victimes de Mutilation Génitale Féminine (MGF), de mariages précoces et d’abus sexuel dans leur région.

Établi par les missionnaires en 1959 et plus tard repris par le Gouvernement de Kenya, l’école est le refuge pour plus de 700 filles qui ont été victimes de pratiques culturelles négatives en plus d’être un refuge pour plusieurs filles qui ont des difficultés physiquement et visuellement.

Particulièrement, la Vallée du Rift dans le Comté de Kajiado au Kenya a enregistré de graves cas de MGF et de mariages précoces chez les enfants. Selon le rapport 2012 de Girls Not Brides au Kenya, 40% de filles au Kenya sont mariées avant l’âge de 18 ans avec 61% d’entre elles venant uniquement du Comté Kajiado.

Une approche multisectorielle

Il a fallu des efforts combinés d’activistes communautaires, le Ministère de l’Éducation nationale, le Gouverneur du comté et organisations de la société civile tel que le FAWE Kenya pour lutter contre certaines de ces pratiques culturelles nuisibles et offrir une seconde chance aux filles à la vie et d’être éduquées. Dans cette approche multisectorielle, les activistes communautaires jouent un rôle crucial dans l’identification des filles menacées d’être victimes de ces pratiques et celles sur le point d’être mariées. Ils rapportent alors ces cas aux collectivités locales pour action. Le Ministère, des leaders législatifs et des amis individuels ont aussi offert des occasions de bourse d’études à certaines des filles.

En 1999, le FAWE Kenya a fait de l’école AIC un de ses Centres d’Excellence et a géré plus de 13 millions de Shillings du Kenya (130,000 USD) pour l’octroi de soutien physique, psychosocial et économique aux filles. Dans le but de transformer l’école, le FAWE Kenya a construit des structures physiques comme une bibliothèque, un bloc d’administration et un centre de secours pour répondre aux besoins des filles.

FAWE Kenya a aussi mis en œuvre des interventions démonstratives du FAWE telles que les modèles Tuseme (Exprimons-nous) et la Pédagogie Sensible au Genre (PSG) pour aborder les questions liées au genre auxquelles font face les filles, tant dans l’environnement scolaire qu’au sein de leur communauté. Pour intégrer ces modèles, les filles ont formé un club au sein duquel on leur enseigne comment parler de leurs problèmes et tirer des solutions d’ensemble à leurs problèmes personnels, scolaires et communautaires. Un total 1,500 membres communautaires et leaders a également été sensibilisé sur l’importance de la responsabilisation des filles dans la société. De plus, 30 professeurs de l’école ont été formés a la mise en application des approches sexospécifiques sensibles d’enseignement et d’apprentissage au sein et en dehors des salles de classe.

En 2014, le FAWE Kenya travaillant en étroite collaboration avec le Secrétariat Régional du FAWE et Intel Corporation du FAWE, une société multinationale américaine et une entreprise de technologie, a garanti 20 ordinateurs pour le laboratoire informatique de l’école ce qui a amélioré les compétences des filles et professeurs en TIC

Nouveaux défis

Malgré le soutien substantiel que cette école modèle jusqu’ici a reçu de la part de diverses parties prenantes, un certain nombre de défis continuent à apparaître. Par exemple, certaines des filles ne se sont pas encore réconciliées avec leurs familles et ont à de nombreuses occasions optées pour rester à l’école pendant les vacances ce qui bien entendu a obligé l’administration scolaire à leur offrir un logement au cours de toute l’année.

Avec les mariages précoces étant une pratique culturelle très encrée au sein de la communauté, le taux de redoublement est très élevé. Une fois qu’une fille subit une MFG, on la considère prête pour le mariage bien qu’elle soit toujours dans sa puberté.

L’infrastructure scolaire n’est plus en mesure de répondre au nombre continuellement croissant de filles victimes au sein des communautés. La salle à manger est désormais trop petite et les filles sont maintenant forcées de manger à tour de rôle, avec un encombrement très répandu dans les dortoirs.

De plus, les filles sauvées continuent d’avoir besoin de matériaux didactiques et d’équipements personnels comme des literies et des paquets de hygiène corporelle pour améliorer la concentration dans leurs études. L’école exige aussi que le support(l’assistance) plus financier desserve pour jamais le nombre croissant de filles nouvellement sauvées.

Perspectives d’avenir

Le combat contre la MGF, le mariage d’enfant et violences faites sur les enfants ont gagné du terrain au fil des ans tant au Kenya que sur le plan international. De nombreuses campagnes sur l’abolition des mariages d’enfants et la réduction des violences basées sur le Genre ont commencé à porter des fruits. Le Gouvernement du Kenya a publié un décret sur les MGF en 2011 ce qui bien entendu a frayé la voie aux autorités de poursuivre des individus exerçant une pression sur les filles les obligeant à subir le rituel proscrit. Ce mouvement a été cependant respecté avec beaucoup de résistance des communautés, particulièrement ceux vivant dans le Comté Kajiado, qui considèrent cette pratique comme étant un moyen de contrôler les filles en les empêchant de s’adonner aux actes sexuels avec des partenaires multiples et comme une façon également de prévenir la mort des membres de la famille.

L’article 28 et 29 sur la Déclaration des Droits de l’homme dans la constitution kényane interdit toutes formes de violences incluant le châtiment corporel, la discrimination, la torture physique ou psychologique sur tous les êtres humains incluant des enfants.

Pour protéger ces filles, il y a nécessité de conduire une campagne de sensibilisation massive à la base sur l’autonomisation des filles. De plus, les filles qui ont été sauvées de ces pratiques culturelles pernicieuses et négatives devraient être outillées afin de servir d’exemples vivants sur la façon dont les communautés et familles seraient avantagées en envoyant leurs filles à l’école.

Cependant, les filles sauvées auront besoin d’assistance socio-économique dans l’éducation, aux services médicaux et au mentorat afin de réaliser leurs rêves et influencer positivement les valeurs sociales au sein de leurs communautés.