L’Assemblée Générale de l’ONU le 22 décembre 2015 a dédié la journée du 11 février aux femmes et filles de science. Elle est célébrée pour la première fois au Burundi ce 18 février 2019 à l’Ecole Normale Supérieure (ENS). Organisée conjointement par l’ENS, le bureau de la maison UNESCO pour la paix et FAWE Burundi la manifestation a rassemblé des professeurs d’université, des cadres des ministères chargés de l’éducation, les membres de FAWE et quelques étudiantes.
Outre les discours d’ouverture et de clôture, les participants ont suivi deux exposés et deux témoignages de femmes de science. Les exposés, présentés par Mesdames Dr Ancille Ngendakumana (ENS) et Alice Nindorera (FAWE Burundi), soigneusement documentés et illustrés portaient sur l’historique et l’objectif de la célébration de cette journée.
Le retard infligé aux filles dans l’enseignement particulièrement dans les filières des sciences, technologies, engineering (ingénierie), et mathématiques (STEM), doit être corrigé dans un pays qui aspire à un développement durable.
La population burundaise serait à 52% féminine d’après le recensement de 2008: le développement est impensable si une portion aussi importante du capital humain est négligée.
Les préjugés défavorables au genre féminin sont multiséculaires et universels. Les pionnières dans le domaine STEM, au niveau mondial ont été ignorées voire combattues en leur temps, c’est-à-dire pendant La première moitié du siècle dernier.
Dans notre pays et à notre époque, nous n’avons pas Île temps de tergiverser, vu le rythme où s’opèrent les évolutions, en particulier dans le domaine des STEM : cela passe par la sensibilisation pour une plus grande scolarisation des enfants. La première école secondaire pour garçons a été fondée en 1924 et il a fallu attendre 18 ans (1942) pour ouvrir celles des filles: air du temps mais discrimination quand même. La discrimination positive au secondaire en vue de réduire l’écart entre filles et garçons n’interviendra qu’en 1980, par le rabais de la note d’admission pour les filles.
Actuellement, d’autres mesures incitatives comme l’octroi des places internes à l’école secondaire et à l’université à des filles inscrites dans les filières scientifiques, sont en cours. Les filières scientifiques constituent la voie obligée pour accroître les chances d’employabilité dans les prochaines années.
Les témoignages livrés par deux professeurs d’université, une physicienne et une chimiste, ont relaté des embûches internes au sujet candidate à la carrière scientifique et externes, provenant de l’entourage.
À en croire l’opinion courante, les STÈM ne sont pas conciliables avec les critères dominants de féminité. Cette opinion est actuellement en train de subir des démentis irréfutables au vu du nombre de femmes burundaises, charmantes, élégantes et dignes mères de famille ayant des diplômes supérieurs et exerçant des professions scientifiques.
Le combat commence déjà à l’école secondaire lors de l’orientation dans les différentes sections : on estime les filles aptes à se préparer pour les lettres et arts, les sciences humaines et les sciences de la nature organique vivante.
L’ultime combat se déroule au moment des études doctorales quand la candidate est déjà mère de famille et qu’il faut passer une demi-dizaine d’années à l’étranger, loin de son mari et de ses enfants. Parents et amis ne se privent pas de prédire ouvertement la ruine du ménage.
Les cérémonies de la journée se sont clôturées sur une note joyeuse avec la remise de certificats d’honneur à 12 femmes qui s’illustrent dans la lutte qu’elles engagent pour l’éducation des filles ct la promotion des STEM. Elles constituent des modèles vivants que notre société devrait valoriser et dont le pays tout entier devrait honorer le courage.
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