Le voyage du fleuve Gambie au Yangtze est plus qu'une traversée de continents ; c'est un voyage entre deux épicentres différents d'une lutte mondiale commune. À Pékin, où le récit de la sortie de centaines de millions de personnes de la pauvreté est une épopée nationale moderne, une traductrice essentielle est arrivée : Madame Yadi Njie Eribo, coordinatrice nationale du FAWE Gambie.
Elle n'est pas ici en tant que simple spectatrice. Sa présence au séminaire international sur le développement rural et la réduction de la pauvreté, organisé par le Centre international de réduction de la pauvreté en Chine (IPRCC), représente une mission de reconnaissance stratégique. Alors que les participants de dix pays en développement dissèquent le manuel de transformation de la Chine, Madame Eribo doit répondre à une question cruciale : Comment ces leçons peuvent-elles être adaptées, et non adoptées, pour renforcer l'autonomie des filles et des jeunes femmes de la Gambie rurale ?
L'ordre du jour du séminaire prévoit un examen approfondi d'un modèle spécifique de développement, fondé sur la puissance des infrastructures et le développement systématique des compétences. Mais pour une dirigeante du FAWE, l'objectif est uniquement sexué. Les visites officielles ne sont pas seulement des occasions de prendre des photos, mais aussi des études de cas. La visite d'une école professionnelle est devenue une scène centrale - un lieu où la théorie abstraite de la “réduction de la pauvreté” est rendue tangible par le vrombissement du rotor d'un drone et la vapeur d'une machine à expresso.
Ici, les jeunes ruraux ne sont pas formés à l'économie d'hier, mais à celle de demain. Le programme, qui va de la fabrication artisanale du café à la maîtrise technologique de l'utilisation des drones, présente un puissant dualisme : honorer les moyens de subsistance traditionnels tout en dotant les étudiants des compétences nécessaires pour les perturber. C'est le cœur de la leçon chinoise : la résilience est le fruit de l'adaptabilité.
Pour Madame Eribo, le café n'est pas seulement une boisson ; c'est une micro-entreprise potentielle pour une jeune femme d'un village gambien. Le drone n'est pas un simple gadget ; c'est un outil de surveillance agricole, une entreprise potentielle qu'elle pourrait posséder et exploiter. Le défi, que son expertise en matière d'éducation sensible au genre la place dans une position unique pour le relever, est de veiller à ce que ces domaines émergents et non traditionnels soient accessibles aux jeunes femmes, brisant ainsi simultanément les cycles de la pauvreté et de la ségrégation professionnelle.
Sa présence à Pékin marque une nouvelle étape dans le travail du FAWE, une étape qui va au-delà des murs de la salle de classe pour s'intéresser aux écosystèmes économiques dans lesquels les étudiants entreront. Il s'agit de comprendre que l'éducation d'une fille ne représente que la moitié de la bataille ; l'autre moitié consiste à s'assurer que le monde dans lequel elle entre est équipé pour valoriser ses compétences. Elle n'est pas en Chine pour copier un modèle, mais pour en décoder les principes, pour apprendre comment construire une échelle d'opportunités pratiques et dignes qui puisse atteindre la fille la plus marginalisée dans la région la plus rurale, et pour ramener ce plan chez elle.