CONAKRY - Dans l'architecture du pouvoir, certains moments sont plus que des cérémonies, ce sont des renforcements structurels. Dans une salle de Guinée, au cours de la Semaine nationale du mérite scolaire, l'honneur accordé à Hadja Aisha (Aissata) Traoré était précisément cela : un événement porteur pour le plafond qu'elle a passé toute sa carrière à repousser.
Le récit de la femme négligée dans les espaces professionnels rigides est universel. Mais ici, il a été publiquement, officiellement, réécrit. Hadja Aisha Traoré n'est pas une exception à la règle ; elle est le nouveau modèle. Femme de conviction, de rigueur et d'impact, sa trajectoire - depuis son rôle novateur de première femme chef de cabinet au ministère de l'enseignement pré-universitaire jusqu'à son poste actuel de directrice des partenariats au FAWE Guinée - est une leçon de maître en matière d'influence durable.
Cette récompense n'est pas seulement le fruit d'un travail bien fait. Il s'agissait d'une ratification d'un héritage. Il célébrait le type de leadership qui permet de construire des systèmes plutôt que de simplement occuper des postes. Son travail, aujourd'hui au FAWE Guinée, est le prolongement logique de son mandat ministériel - une campagne de toute une vie pour s'assurer que la porte de la salle de classe est ouverte, et que le chemin au-delà est clair, pour chaque fille.
L'importance de l'événement a été amplifiée par la constellation de témoins. La présence de Mme Aïcha Bah, présidente du FAWE Afrique, a transformé l'événement d'une reconnaissance nationale en une approbation panafricaine. Elle a montré que l'excellence de M. Traoré est un atout pour le continent. En outre, la participation de M. Jean Paul CEDY, ministre de l'éducation nationale, n'était pas simplement protocolaire. Elle représentait l'État lui-même s'alignant sur le principe selon lequel le leadership des femmes n'est pas seulement bienvenu, mais essentiel au progrès national.
Ce “geste symbolique”, comme le dit le langage officiel, est en fait profondément matériel. Il envoie un signal à travers tout l'écosystème de l'éducation : à la jeune fille d'une école rurale, au professionnel en milieu de carrière confronté à un jury de promotion, à chaque femme dont l'assiduité a été le moteur silencieux. Il indique que le chemin existe, que le sommet est atteignable et que la vue depuis le sommet vaut la peine d'être escaladée.
En honorant l'un de ses architectes, la Guinée a fait plus que célébrer le passé, elle a investi dans l'avenir, en s'assurant que le plan dessiné par Hadja Aisha Traoré sera copié pour les générations à venir.