KAMPALA - L'air à l'intérieur du Hilton Garden Inn est frais, un contraste saisissant avec l'agitation humide de la capitale ougandaise à l'extérieur. C'est le genre d'endroit où le jargon du développement est souvent aussi lourd que l'air conditionné de la salle de conférence. Mais ce matin, quelque chose de différent transparaît. Il ne s'agit pas seulement de politique ; c'est le son d'une révolution tranquille en train d'être recalibrée.
La conférence nationale sur “Ce qui marche en matière d'éducation des filles’ est en cours, un rassemblement d'esprits et d'énoncés de mission. À première vue, il s'agit d'une scène familière : des fonctionnaires, des éducateurs et des défenseurs. Pourtant, ce ne sont pas les statistiques générales qui sont les plus convaincantes, mais les détails spécifiques et concrets d'un programme appelé TUSEME - un mot kiswahili signifiant ”Prenons la parole“.”
Alors que la ministre d'État chargée de l'enseignement primaire, Mme Joyce Moriku Kaducu, donne de l'importance à la salle, la véritable histoire se dévoile dans la présentation qui suit. C'est l'histoire d'un modèle qui fonctionne, non pas parce qu'il est parfait, mais parce qu'il évolue. Pendant des années, les clubs TUSEME ont été des havres de paix dans les écoles, des plateformes où les filles pouvaient abattre les murs du silence autour des questions qui les gênent - de la santé menstruelle aux pressions sociétales.
Mais la révélation d'aujourd'hui est celle d'une expansion intentionnelle et délibérée. Le plan est en train d'être redessiné. La nouvelle frontière de TUSEME n'est pas seulement la salle de classe conventionnelle ; elle se trouve dans les coins oubliés de la nation : les camps de réfugiés d'Adjumani, les colonies pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays, et les salles de classe réaménagées pour les apprenants souffrant de handicaps. Il ne s'agit pas simplement d'inclusion, mais d'une mission stratégique visant à trouver les voix que le système n'a jamais réussi à entendre.
La preuve, comme on dit, c'est la pratique. Cette année, dans les districts d'Adjumani et de Buyende, 15 nouveaux clubs TUSEME ont pris racine. Leurs effectifs ne sont pas seulement stables, ils augmentent. Il ne s'agit pas d'ajouter une activité extrascolaire supplémentaire. Il s'agit de la croissance organique d'un espace nécessaire - un endroit où une fille dans un camp de réfugiés peut exprimer son traumatisme et ses rêves avec la même clarté, où un apprenant handicapé peut exiger l'éducation qu'il mérite.
La conférence produira ses rapports et ses points d'action. Mais le vrai titre est le suivant : les mouvements qui réussissent le mieux sont ceux qui écoutent leur propre nom. Le slogan “Let us speak out” n'est plus une demande émanant des endroits les plus propices. Il s'agit désormais d'un mandat, qui résonne depuis les salles de conférence de Kampala jusqu'aux salles de classe les plus vulnérables du pays, et qui garantit que chaque fille, quelle que soit sa situation, se voit confier un micro.